Denis Ponté arpente le monde depuis des décennies, posant sur les réalités qu’il découvre en chemin un regard humaniste et bienveillant. Une approche que traduit parfaitement son compagnon de longue date, un Leica M, équipé de son optique de prédilection, un Summilux-M 24 mm f/1,4 ASPH. Tous deux l’ont accompagné récemment sur les routes du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

Jeune professionnel, Denis Ponté a l’habitude de caler son oeil dans le viseur d’un appareil japonais. La veille d’un périple d’un an prévu en Amérique latine, un ami le convainc d’embarquer en deuxième boîtier un Leica R4 d’occasion. « J’ai été séduit par la qualité des photos, au point d’en faire très rapidement mon boîtier principal », se souvient-il, avant d’ajouter: « Le rendu subtil des gris et l’excellente gestion de la lumière ne pouvaient me laisser indifférent ». 

Un M6 rejoint rapidement la panoplie du photographe, avant qu’un M (Typ 240) ne lui ouvre la voie du numérique. Côté optique, Denis Ponté aime voir large et clair; c’est très logiquement sur un grand angle ultra lumineux que son choix se porte pour le reportage. « Je dispose de plusieurs autres focales, mais j’affectionne tout particulièrement le 24 mm qui nécessite d’aller au contact du sujet. L’ouverture très généreuse du Summilux permet en outre de générer d’importants flous optiques, essentiels en portrait. »

Les deux séries présentées ici, réalisées en parallèle d’un autre projet consacré aux personnes sourdes et à la langue des signes, emmènent le spectateur pour l’une sur les routes du Burkina Faso, pour l’autre à Abidjan. La première faite perpétuellement en mouvement, la seconde en immersion dans un quartier de la capitale de la Côte d’Ivoire.

Au Burkina Faso, la nécessité de beaucoup voyager dans le pays pousse le photographe à adopter une approche furtive, allant à l’essentiel. Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Mahadaga; la série témoigne de la diversité des situations rencontrées. Dans ce contexte, être discret et réactif s’impose comme une évidence; un exercice dans lequel le M excelle. « Photographier avec le viseur électronique relevé permet en outre une visée non agressive pour le sujet; un détail très appréciable. »

A Abidjan, l’approche s’avère radicalement différente. Consacrer trois semaines à la découverte d’une seule et même avenue, aussi grande et bigarrée soit-elle, permet en effet à Denis Ponté de tisser avec les habitants et artisans qui s’y trouvent une relation beaucoup plus étroite. « Au bout de quelques jours seulement, certains venaient même me chercher pour que je tire leur portrait! », s’amuse Denis Ponté.

« Dans un cas comme dans l’autre, disposer d’un boîtier à la fois petit, discret et robuste constitue un avantage certain. Et si le numérique permet de contrôler les prises de vue sur le terrain, c’est sans doute sa faculté de partage immédiat qui, en Afrique notamment, permet de tisser des liens privilégiés avec les sujets », précise Denis Ponté.

Deux pays, autant d’approches, mais un seul couple boitier-optique – parfaitement maîtrisé – au service d’une vision engagée et poignante d’humanité.

Biographie

Né en 1964, Denis Ponté est un photographe animé par des convictions fortes. Plusieurs de ses ouvrages en témoignent: Left for dead, Au bord du monde, Histoire de vivre, et plus récemment Face à elle. Pas étonnant dès lors qu’il affectionne particulièrement le portrait, en studio ou en situation, lors de voyages. Outre ses projets photographiques propres, il répond à des mandats institutionnels et dispense son art à l’Université de Genève notamment.

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