L’art du geste, les matières nobles, le souci du détail porté à son paroxysme; lorsque Grégory Maillot se glisse dans l’atelier d’artisans pour en révéler toute la magie avec ses Leica, c’est un monde fascinant et largement méconnu qui soudain apparaît en pleine lumière.

Toujours avoir l’appareil à portée de main, peu importent les circonstances. Grégory Maillot fait partie de ces photographes qui maintiennent en permanence leurs sens en éveil, prêts à déclencher dès la porte de leur demeure franchie. La patine des étuis qui protègent ses Leica en témoigne. « Il y a l’ailleurs, bien sûr, le lointain, synonyme d’exotisme. Mais pourquoi se priver des petits riens qui peuplent notre quotidien, visibles au coin de la rue pour qui sait leur accorder l’attention qu’ils méritent? »

Pas étonnant, avec une telle philosophie, que sa trajectoire croise un jour celle d’un appareil Leica. Pas étonnant non plus que le travail d’artisans d’exception, dont l’atelier se situe parfois à quelques encablures seulement de son lieu de vie, suscite sa curiosité. De ces heures passées en coulisses au contact de professionnels dont les savoir-faire s’avèrent aussi rares que précieux, Grégory Maillot tire une série d’images d’une grande humanité.

Luthier, bottier, souffleur de verre, coutelier; peu importe la profession, l‘intelligence de la main affleure. Pour en capter toute la substance, Grégory adapte son matériel en fonction des circonstances, à chaque fois différentes. La taille plus ou moins importante de l’atelier, la lumière – très ténue dans la plupart cas! – à disposition, la gestuelle de l’artisan. A la diversité des conditions de prise de vue répond l’usage de différents boîtiers: Leica Monochrom M9, M-P (Typ 240), Leica SL.

Idem pour les optiques. En monture M, les différentes longueurs focales utilisées – 28, 35, 50, 75 et 135mm – permettent de varier les plans, tout comme le Vario-Elmarit-SL 1:2,8-4/24-90 ASPH du SL. Mais c’est surtout leur grande luminosité qui autorise une profondeur de champ extrêmement faible et confère aux images de Grégory un onctueux bokeh.

Dans ces conditions de prise de vue exigeantes, comment s’assurer que la mise au point soit parfaitement réussie, notamment avec le Leica M? « La visée très claire du télémètre s’avère un avantage lorsque la lumière fait défaut. Je dispose d’un viseur électronique, mais pour ma part je ne l’utilise que rarement. Lorsque la profondeur de champ n’excède pas quelques millimètres, l’astuce consiste à utiliser le mode rafale et à osciller très légèrement d’avant en arrière. Ainsi dans la série, au minimum une image correspond à celle souhaitée en terme de mise au point. » Un conseil pour le moins avisé!

Un regard, une main, un geste; plus que tout, Grégory Maillot aime mettre en valeur l’humain qui se profile derrière l’artisan. Et si possible l’artisan animé par la flamme de la transmission, afin que le savoir-faire qu’il détient se perpétue. « J’ai besoin d’être touché par le sujet que je photographie, d’en épouser la cause », confesse-t-il d’ailleurs volontiers. Une nécessité en forme de communion que ses Leica, en fidèles témoins, lui permettent de partager largement.

Biographie

A l’instar des chats, Grégory Maillot a déjà eu 7 vies (professionnelles), toutes traversées par un fil rouge, la photographie. Cette passion tenace, héritée d’un papa lui-même passionné, le poursuit depuis l’enfance. Premier appareil à onze ans déjà: « Pendant 2 ans, j’ai été le roi… du flou! » Persévérant, il progresse pas à pas, immortalise la vie nocturne de son adolescence, puis profite de ses premiers emplois pour peaufiner encore sa technique. Il s’établit quelques années plus tard en qualité de photographe professionnel; sa passion n’a pas pris une seule ride depuis.

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