De Tombouctou à Gao, en passant par Alep et Kaboul, Luis Monreal s’est immergé dans de nombreux lieux devenus, depuis et pour de multiples raisons, inaccessibles. Il en subsiste des photographies en noir et blanc, trésors mémoriels réalisés au Leica M7 et rassemblés dans un ouvrage de référence.

Exposition au Leica Store Genève jusqu’à la fin d’Octobre 2021.

Pour l’archéologue, la photographie constitue un instrument de travail aussi précieux qu’incontournable. Elle accompagne ainsi Luis Monreal depuis toujours, ou presque. De la construction du barrage d’Assouan à aujourd’hui, le temps a passé sans émousser le moins du monde la volonté de ce photographe de documenter sans relâche les lieux et l’activité des hommes découverts en marges de ses obligations professionnelles.

 « Après la publication de mon premier livre en 2006, Oummah, paru aux éditions Actes Sud, je n’avais pas l’intention de commettre un deuxième ouvrage. » Il continue donc de documenter, par sa pratique photographique régulière, ses voyages et rencontres sans autre objectif que de conserver une trace. Jusqu’au jour, récent, où il se penche sur ses planches-contacts et découvre avec stupeur les mutations profondes et irréversibles que connaissent les régions qu’il fréquente en fin connaisseur.

 « Apparition des motocyclettes dans les villes du tiers-monde, transformation de l’habillement traditionnel, omniprésence du plastique, invasion de la publicité: en dix ans à peine, les transformations se sont succédées à un rythme impressionnant. » Les images de Luis Monreal témoignent de ces évolutions avec une force et une justesse rares, captant des instants aussi authentiques qu’éphémères.

Le Leica M3 acheté d’occasion pendant les études a laissé place aux Leica M7 dans le sac que Luis Monreal ne quitte pour ainsi dire jamais. « Les images du livre Tasbih. Instants d’un monde en transit. ont été réalisées entre 2008 et début 2020, la plupart avec un Summilux-M 1:1,4 / 35 mm ASPH. J’apprécie cette focale pour sa proximité avec la vision humaine. Quant au M7, il me permet de passer inaperçu grâce à sa grande discrétion. Une qualité essentielle, en plus de sa légendaire – et méritée! – robustesse. »

Si Luis Monreal apprécie tout particulièrement la photographie argentique – il emploie de la pellicule TMAX 400, mais ne se prive pas d’utiliser à l’occasion des appareils numériques -, c’est pour la douceur incomparable à ses yeux du rendu final qu’elle permet. « L’argentique correspond à ma sensibilité personnelle et à mon goût esthétique, tout simplement », précise-t-il. Au vu de l’extraordinaire qualité des images que contient son dernier livre – intégralement rédigé en avion lors de ses nombreux déplacements professionnels et terminé le 16 mars 2020 sur le tarmac de Cointrin, à la veille du premier confinement -, pas de doute: la forme confère à son témoignage élégance et force.

 

Biographie

Archéologue et historien de l’art, Luis Monreal a consacré sa vie professionnelle à la sauvegarde du patrimoine culturel et a dirigé des institutions poursuivant ce même objectif. Parmi elles, l’International Council of Museums, le Getty Conservation Institute, la fondation La Caixa et l’Aga Khan Trust for Culture.

 

Bibliographie

Tasbih. Instants d’un monde en transit, paru en septembre 2020 aux éditions InFolio.

Oummah. Images d’un islam pluriel, paru en 2006 aux éditions Actes Sud.