Exposition « Plastique, cet ami toxique », de Julia Cornu. À découvrir du 9 au 22 novembre à la galerie du Leica Store Genève.

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Donner à voir, de manière esthétique et percutante, la problématique complexe et inquiétante de la prolifération du plastique dans notre quotidien: voilà l’ambition de Julia Cornu pour son travail de maturité.

Lorsque Julia Cornu naît à Genève en 2004, cela fait exactement vingt ans que le Leica M6 a fait son apparition sur le marché des appareils photographiques. L’exemplaire de son père sert à immortaliser les vacances et la vie de famille, ponctuée de grands événements et des petits riens qui font le quotidien. Son enfance durant, Julia se dit qu’un jour il lui faudra savoir manier cet appareil argentique un peu magique, avec son télémètre et ses réglages manuels.

L’occasion se présente en 2021 sous la forme d’un travail de maturité. Celui-ci vise à enseigner aux élèves de sa classe la manière de concevoir et produire un projet. Pour Julia, ce sera « Plastique, cet ami toxique », à découvrir du 9 au 22 novembre à la galerie du Leica Store Genève. Douze images en noir et blanc, à la fois graves, belles et parfois poétiques, accompagnées de courts textes permettant à chacun de prendre la mesure des enjeux abordés.

« Mon père m’a aidé à maîtriser l’aspect technique de la prise de vue, dont j’ignorais tout avant de me lancer dans ce projet. Être capable d’imaginer une image et de pouvoir ensuite la réaliser m’a procuré, je l’avoue, une certaine satisfaction», reconnaît sans peine Julia. En résulte deux séries distinctes comptant chacune six images: la surconsommation quotidienne de plastique et les dangers qu’elle fait courir à notre santé, respectivement traitées au 35mm et au 50mm.

Une image présente en plan serré une assiette, entourée de couverts et de verres, dans laquelle sont disposés de manière élégante des emballages plastiques blancs. « Les humains ingèrent environ 5 g de microplastiques par semaine, soit une vingtaine de kilos sur toute une vie ». Une autre met en scène une jeune femme récoltant des bouteilles en plastique suspendues tels des fruits à un arbre. « Les plantes absorbent des microparticules de plastique à travers leurs racines. » Sobre et percutant à la fois.

« C’est ce qui me séduit avec la photographie. On peut transmettre un message fort grâce à un impact visuel puissant, sans fioriture », précise la jeune photographe. Une qualité qu’elle met également en oeuvre pour la série sur la surconsommation quotidienne – indirecte et parfois même inconsciente – du plastique, mise en scène dans des lieux publics. Rue marchande, terrasse de café, parc public ou encore parking de supermarché; chacun peut sans peine s’y projeter et s’identifier au comportement dénoncé.

Le traitement monochrome confère à l’ensemble du projet photographique un caractère intemporel ainsi qu’une esthétique forte. Son impact s’avère encore renforcé par l’approche volontiers décalée de certains sujets, parfois doucement ironique. Un travail photographique d’une maturité remarquable s’agissant d’une première expérience. Julia continuera-t-elle d’utiliser le M6 de son père? « C’est certain, j’y ai pris goût! Et le suspense induit par l’argentique décuple mon plaisir… » Un plaisir pleinement partagé: bravo Julia!