Photographe professionnel, Olivier Maire n’a jamais abandonné l’analogique, une pratique  qu’il affectionne depuis toujours. Une exposition et un ouvrage retracent, via la pellicule, sa complicité avec André Raboud, sculpteur sur pierre renommé.

Black and Wait, l’exposition, et Dialogues, le livre, consacrent l’amitié que se portent depuis plus de vingt ans Olivier Maire et André Raboud. Le profond respect qui unit les deux hommes se donne ainsi à voir à Saint-Maurice, à l’espace Contre-Contre jusqu’au 19 novembre, à travers le dialogue naturel qui s’établit entre leurs oeuvres réciproques, ainsi qu’au fil des pages d’un bel ouvrage imprimé, témoin pérenne de leur fraternité.

Le photographe valaisan y révèle notamment une série consacrée à la forêt, espace qu’il arpentait jadis déjà avec ses parents. Des images douces et graphiques, comme traversées de larges coups de pinceau, dont certaines retracent l’incendie criminel de Loèche. Avec ces troncs calcinés, bien sûr, mais avec en filigrane la promesse du retour à la vie, du renouvellement. Un travail journalistique, à l’origine, transmuté en projet artistique.

« Cette série, je l’ai réalisée en argentique, explique Olivier Maire dans Dialogues. Dans ce choix, il y a toute la dualité du travail photographique – tantôt documentaire, tantôt artistique, parfois les deux. Quand je réalise des travaux plus personnels, artistiques, je préfère travailler mes photos en pellicule plutôt qu’en numérique. Avec ces vieilles techniques, j’adopte un autre regard. Les grains amènent une dimension plus artisanale – matérielle, comme si les photos vibraient. »

Le photographe, s’il maîtrise parfaitement les derniers développements technologiques offerts par les boîtiers les plus sophistiqués, apprécie d’autant plus de travailler avec la pellicule – « plus lentement, avec moins de déclenchements, mais avec plus d’intensité et d’authenticité » – et le rendu qu’elle offre. « La lumière oxyde un grain d’argent, sans l’intervention d’un algorithme. Avec l’argentique, on est en prise directe avec le réel, et le grain confère à l’image un supplément d’âme incomparable. »

Pas étonnant donc qu’Olivier Maire apprécie le fameux Leica M. Depuis le M6, il semble d’ailleurs avoir eu successivement toutes les versions entre les mains. « Avec le modèle M, la compatibilité entre les différentes générations de produits s’avère épatante. C’est assez génial de pouvoir passer d’un boîtier argentique à un boîtier numérique en utilisant les même optiques et les mêmes automatismes, l’ergonomie des appareils étant toujours très proche! », s’exclame-t-il.

Le photographe établit dans le village de Bramois, à côté de Sion, ne sort d’ailleurs jamais sans emporter avec lui un Leica M. « C’est un boîtier très compact – tout comme les optiques de la marque -, discret et pas intrusif. Tout le contraire de ce qui fait de certains photographes de véritables paparazzis, dont tout un chacun se méfie. »

À l’heure où Leica réédite son fameux M6, fidèle au modèle original sorti en 1984, l’argentique semble ne pas avoir dit son dernier mot. « L’analogique et le numérique s’avèrent complémentaires. Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients, les conjuguer permet – en fonction des sensibilités personnelles et des projets photographiques – d’en tirer la quintessence », précise Olivier Maire, utilisateur de la première heure du numérique et fervent défenseur de l’argentique.

Exposition Black and Wait à voir jusqu’au 19 novembre à l’Espace ContreContre de Saint-Maurice.

Livre Dialogues, NK Editions

Biographie

Originaire de Neuchâtel, passé par Genève durant son enfance, Olivier Maire est établi depuis de nombreuses années déjà en Valais. Mécanicien de formation, il devient photographe RP à la fin des années 90, travaille ensuite pour l’agence Keystone avant de créer sa propre structure en collaboration avec un ami, Denis Emery. Depuis 2018, celle-ci se nomme Studio 54 et offre des services de production publicitaire et corporate. Olivier Maire poursuit en parallèle des travaux personnels exposés à New York, Vevey, Genève et Sion notamment.

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