Pour prendre le pouls de l’ailleurs, rien ne vaut les rencontres et le temps long. Bertrand Carlier pratique cette approche sensible de longue date. Son dernier voyage en Mongolie, au contact des éleveurs nomades et dans une nature brute, en témoigne de bien belle manière.
Enclavée entre ses puissants voisins, la Russie au nord, la Chine au sud, la Mongolie déploie un territoire 38 fois plus grand que celui de la Suisse. Sa particularité? Elle ne compte que deux habitants au kilomètre carré, ce qui en fait le pays dont la densité de population est la plus faible au monde. C’est au coeur de l’hiver, alors que les températures descendent jusqu’à -40°C, que le photographe genevois s’est rendu sur place afin d’aller à la rencontre des populations nomades.
Février 2023. Avec un groupe d’amis, dont un parle couramment français et mongol, Bertrand Carlier arrive à Oulan-Bator, capitale du pays. Direction le sud-ouest du pays, là où d’immenses étendues de forêt alternent avec des clairières enneigées. « Plus du quart de la population est nomade ou semi-nomade en Mongolie. Le voisin n’est ici jamais à plus de trois à quatre heures de marche. Pratique pour les éleveurs, en cas de coup dur. L’entraide n’est pas un vain mot. »
Skis au pieds, le groupe progresse d’une dizaine de kilomètres par jour. Leur pulka bien chargée afin d’assurer à chacun une autonomie complète, ils s’immergent petit à petit dans des étendues baignées d’une lumière douce. « En Europe, la présence de la neige rend la luminosité plutôt bleutée, assez dure. Sur les collines mongoles, au contraire, le paysage hivernal offre des teintes très subtiles, délicates et beaucoup moins agressives. »
Bertrand Carlier en profite pour mettre à contribution son fidèle Leica M. Les températures négatives mettent à rude épreuve le matériel. L’absence d’accès au réseau électrique impose la recharge des batteries grâce à des panneaux solaires. Pas de quoi inquiéter le photographe en quête d’images aussi authentiques qu’esthétiques. « Le boîtier M, je le pratique depuis longtemps. Sa robustesse légendaire l’autorise à affronter le terrain sans ciller. Pas de souci. »
35 et 75 mm. Les focales de prédilection de Bertrand Carlier lui permettent d’accrocher le regard fier des éleveurs et de leur famille, les yourtes aux intérieurs chatoyants, les paysages préservés où l’homme ne fait que passer. « Ces optiques datent de plusieurs dizaines d’années. Leur qualité mécanique et optique m’enchantent pourtant comme au premier jour! », s’exclame-t-il. « Elles offrent un rendu unique et un usage aussi pratique qu’agréable. »
La grande compacité du Leica M permet au Genevois de photographier les éleveurs au coeur de leur intimité, dans leur yourte. « L’hospitalité n’est pas feinte. Le climat rude contraste avec la chaleur de l’accueil réservé aux gens de passage. Et le peuple mongol s’avère volontiers rigolard. Autant dire qu’après une journée passée dans le froid, il fait bon pouvoir se retrouver autour du feu, en excellente compagnie. »
Rendez-vous le 27 juin dès 17h00 à la Galerie du Leica Store Genève pour le vernissage de l’exposition de Bertrand Carlier.
Biographie
Passionné de photographie depuis toujours, Bertrand Carlier a mené durant 30 ans une carrière professionnelle dans le monde bancaire avant de décider, en 2018, de se consacrer pleinement à son amour de l’image. Il conjugue désormais prises de vues, expositions personnelles et mandats de conseil en image auprès d’entreprises, tout en poursuivant des travaux documentaires sur des thèmes de société. Le photographe genevois est par ailleurs l’auteur des images du livre Le Silence des Yaks, récemment paru aux Editions Slatkine.
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