Depuis plus de trois décennies, Khalil Marcos immortalise avec une sensibilité rare cet archipel de l’océan Indien et ses habitants. Hommages à la photographie argentique, un beau livre et une exposition retracent ses innombrables pérégrinations à travers une série d’images à l’esthétique saisissante.

Des scènes de rue, de bord de mer et des portraits, tous réalisés en noir et blanc. Les contrastes puissants et les ombres charbonneuses des images, adoucis par le grain de la pellicule, témoignent de l’intensité du soleil qui inonde généreusement cet Est africain situé non loin de l’équateur. Carrefour stratégique du temps des colonies, Zanzibar constitue un terrain d’exploration d’une richesse inouïe que Khalil Marcos arpente avec un bonheur contagieux.

De 1992 à nos jours en effet, le photographe triple national – Libanais, Français et Suisse – a largement sillonné ce pays, en rapportant pas moins de 16’000 clichés. Il faut dire que depuis que son oncle lui offrit son premier appareil à l’occasion de ses 16 ans, jamais plus il n’a voyagé sans. Une habitude tenace à l’origine de cet insatiable appétit photographique, même si le cadeau en question, jugé trop encombrant, a rapidement laissé place à un équipement Leica.

« Durant mes études universitaires, j’ai ainsi économisé de quoi acquérir un M3 équipé d’une optique de 50mm. Depuis, je suis resté fidèle à la marque de Wetzlar – incomparable à mon point de vue pour pratiquer la photographie de rue – et à cette focale qui me convient parfaitement. » M6, M7, R5 et R7 viennent par la suite compléter l’équipement initial. « Et comme je suis très attaché à la magie de l’argentique, tant que la pellicule sera disponible je continuerai ainsi! »

Une constance que traduit parfaitement l’unité de la série réalisée à Zanzibar. Khalil Marcos aime la rue, les gens et le contact. Les images traduisent cet attachement et les compositions au cordeau un oeil aiguisé. « J’aime plus que tout m’immerger et me fondre dans un contexte. Il faut dire que je suis basané de peau, que je parle arabe et quatre dialectes africains. Cela facilite grandement l’acceptation par les populations locales. »

 

Pour le photographe établi de longue date à Genève, un autre élément joue également en sa faveur: « Les appareils Leica s’avèrent discrets, efficaces et particulièrement silencieux. Autant dire qu’ils constituent d’excellents compagnons de route lors de ce type d’aventure! »

Le plus difficile dans le projet Zanzibar? Choisir, bien sûr! « L’editing, c’est toujours compliqué. Alors imaginez, avec 16’000 images… » Raison pour laquelle l’exposition prévue au Leica Store Genève en fin d’année est accompagnée par la sortie d’un beau livre dont le produit des ventes sera reversé à un orphelinat de Zanzibar. 210 pages, 176 photos, voilà de quoi (s’)offrir un magnifique cadeau en soutenant une juste cause!

 

 

 

 

On y retrouvera notamment cette image très graphique dans laquelle apparaît, dans l’embrasure d’un balcon, une embarcation à voile. « Pour l’anecdote, il est 6h00 du matin, je me réveille dans ma chambre d’hôtel et aperçois cette scène. J’attrape mon Leica, je constate qu’il n’est pas chargé, je peste tout en insérant la pellicule et me précipite dehors. Je n’ai le temps que de déclencher trois fois avant que le voilier ne disparaisse. »

 

 

 

 

 

 

 

Ou encore cette photo de la porte du plus grand marchand d’esclaves de Zanzibar, Tipu Tip, l’homme le plus riche de l’île à l’époque. « Tous les plus grands explorateurs ont passé là. Sur les 600 portes jadis recensées à Zanzibar, il n’en reste plus que 100, dont celle-ci, la plus fameuse. »

La photographie argentique, malgré les contraintes qu’elle impose, notamment en voyage, a encore de beaux jours devant elle. Il suffit de contempler les images de Khalil Marcos pour en être pleinement convaincu.

Exposition « Zanzibar » à découvrir du 14 décembre au 13 janvier à la Galerie du Leica Store Genève, place de Saint-Gervais 1. Vernissage le 14 décembre de 17h00 à 20h00.

 

 

 

 

 

Biographie

D’origine libanaise, Khalil Marcos naît il y a 62 ans en Guinée. Il grandit en Afrique puis étudie la mise en scène cinématographique à Los Angeles. À Paris, il côtoie ensuite régulièrement plusieurs photographes de l’agence Magnum, dont Raymond Depardon et Josef Koudelka. Actif dans le négoce international puis la banque privée, Khalil Marcos met à profit ses nombreux déplacements professionnels pour s’adonner à sa passion de la photographie.

 

www.khalilmarcos.com

Instagram: @khalilmarcos