En Afrique, si la cataracte touche des personnes âgées, elle altère aussi la vue de très jeunes individus. Denis Ponté a accompagné au Mozambique une ONG lors d’une campagne d’opérations de grande ampleur.

Pour y avoir mené nombre de reportages, le photographe genevois connaît bien l’Afrique. Lors de son dernier voyage, il a toutefois découvert une réalité difficile à imaginer. Opérer à la chaîne, et ce dans des conditions éprouvantes, des centaines de patients atteints de la cataracte; voilà la mission confiée à quatre médecins égyptiens, tous bénévoles, dépêchés sur place par l’ONG UOSSM.

60. C’est le nombre d’opérations accomplies quotidiennement par chacun des quatre chirurgiens. Pour arriver à un tel rendement, une équipe médicale locale – renforcée par des professionnels étrangers – s’occupe de la prise en charge des patients avant et après l’intervention. Les quatre spécialistes peuvent ainsi pratiquer sans relâche la méthode dite « soviétique ». Injection sous le cristallin d’un liquide qui permet de le décoller, puis découpage de celui-ci avec un scalpel avant son remplacement.

La chaleur avoisine les 40°C, les pannes d’électricité s’enchaînent, les infiltrations d’eau ruissellent le long des murs et les conditions d’hygiène s’avèrent précaires. Et pourtant, aucun échec ne sera à déplorer durant cette campagne d’une redoutable efficacité. « C’est impressionnant à voir. Du matin au soir, les patients se succèdent à un rythme effréné. Les médecins opèrent du matin au soir, malgré un contexte très compliqué. »

Les images de Denis Ponté en témoignent. Les bâtiments des trois hôpitaux concernés par cette campagne réalisée en février 2023 sont vétustes, les moyens souvent rudimentaires, mais la volonté du corps médical de venir en aide aux plus démunis fait des miracles et force l’admiration. Les patients venant de la campagne, parfois de très loin, il n’est pas envisageable de les renvoyer chez eux sans les avoir traités. Alors peu importe la fatigue qui s’accumule inévitablement, il faut tenir bon.

« Les résultats obtenus attestent de la réussite de cette campagne très intense. En moins de 10 jours, ce ne sont pas moins de 830 personnes qui ont été guéries de cette affection oculaire handicapante. Parmi celles-ci, des enfants de quelques années seulement pour qui il s’avère vital, afin que leur cerveau se développe correctement, d’intervenir le plus tôt possible. Au volet opératoire vient donc se greffer la formation de médecins locaux, afin de transmettre ces compétences essentielles. »

Équipé de son fidèle M240 et d’un Summilux 24mm, Denis Ponté s’est attaché à mettre en lumière les salles d’opération, bien sûr, mais aussi les à-côtés pour immortaliser l’atmosphère générale. Le personnel médical local, les indispensables accompagnants, les coulisses. Avec sa bienveillance et sa retenue habituelles, son altruisme. En résultent des images fortes, symboliques, qui évitent tout misérabilisme et autre voyeurisme.

 

Exposition au Leica Store Genève du 8 au 27 février, avec un vernissage le 8 février en présence du photographe et du responsable de l’ONG. Lecture du poète et artiste Philippe Constantin.

Biographie

Né en 1964, Denis Ponté est un photographe animé par des convictions fortes. Plusieurs de ses ouvrages en témoignent: Left for dead, Au bord du monde, Histoire de vivre, Face à elle et plus récemment Homo artifex. Pas étonnant dès lors qu’il affectionne particulièrement le portrait, en studio ou en situation, lors de voyages. Outre ses projets photographiques propres, il répond à des mandats institutionnels et dispense son art à l’Université de Genève notamment.

 

www.ponte.pro

www.uossm-suisse.org