Christophe Rey exprime son talent et sa sensibilité au travers de nombreuses formes artistiques, dont la photographie qu’il pratique depuis ses 16 ans. Son travail fait l’objet d’une exposition au Centre de la Photographie de Genève, du 23 mai au 19 août 2018. Pour l’occasion, pas moins de 402 tirages forment une frise exceptionnelle de quelque 77 mètres de long.

Voilà dix ans que Christophe Rey immortalise des scènes observées lors de nombreux voyages. Le Sud-ouest des Etats-Unis (2008), Londres (2011), le Nord-est de la France (2011 et 2012), Kyoto et Osaka (2012), Naples (2013), Venise (2013 et 2014), ainsi que les Alpes suisses et le Sud de la France (nombreux séjours). Autant de lieux visités qui l’ont inspiré de diverses manières; dès le 23 mai, l’exposition intitulée « D’un touriste » retrace ce cheminement photographique.

Vues de paysages et de villes célèbres, bien sûr, mais également de touristes lors d’activités incontournables, telles les visites guidées, les repas et, évidemment, l’inévitable pause photo. Les clichés présentés sont issus d’un corpus riche à ce jour d’environ 11’400 images. Ce qui les unis, en dehors de leur auteur? Ils proviennent tous du même boitier, un Leica M6 équipé d’un objectif 35 mm et de films Fujicolor Pro 400H.

Difficile de dire qui de Christophe Rey ou du matériel a choisi l’autre, tant ils semblent s’être trouvés… alors qu’en réalité, il s’agit plutôt d’un heureux hasard! L’équipement photographique en question appartenait en effet à un ami de Christophe Rey qui, ne l’utilisant plus, lui en a fait gracieusement cadeau. Une belle histoire, d’autant que le Leica M6 correspond parfaitement à la philosophie du projet qui a donné naissance à l’exposition « D’un touriste ». Il en constitue le fil rouge, le dénominateur commun permanent, alors même que les circonstances et les lieux photographiés s’avèrent très variés. Cette constance fait écho à l’approche du photographe qui s’inscrit volontiers dans le temps long, et permet à sa sensibilité de s’exprimer dans un cadre techniquement stable et déterminé.

 La scénographie de l’exposition, très originale, ne manquera pas d’interpeler le visiteur. A l’instar des frises antiques, le propos est ici d’apporter un surplus de sens grâce à l’enchaînement des photos présentées. Vus de loin, les tirages photographiques de format 13 x 18 cm – positionnés de manière verticale ou horizontale, mais toujours accolés les uns aux autres sur une ligne horizontale positionnée à hauteur des yeux – produisent un effet décoratif. Il suffit pourtant de s’approcher de la frise pour découvrir les vues qui la composent, ce qui les relie et le supplément de sens qui peut en découler.

Cette exposition interroge naturellement notre rapport au tourisme, à ses conséquences et à ses incontournables dérives. Lorsqu’il voyage, Christophe Rey se rend sur les lieux qu’il a envie de visiter; il photographie ainsi les paysages et les objets qu’il trouve intéressants ou beaux. Mais aussi ses congénères qui, bien souvent, se plaignent de la présence des autres touristes. Un comportement éminemment paradoxal, et finalement très humain.

Biographie

Christophe Rey alterne le dessin, la photographie, l’écriture – essais sur l’art et l’architecture, rédaction de haïkus – et la production audiovisuelle. Parallèlement à ses activités personnelles, il enseigne l’histoire de la photographie à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne.

Son dernier ouvrage, intitulé Claquettes et ornithologie, est disponible aux Editions Héros-Limite (www.heros-limite.com).

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